Les actes antisémites sont intolérables. Partout et tout le temps. Il faut le dire et le proclamer sans cesse et sans jamais croire que le combat est définitivement gagné.
J’avoue mon trouble depuis quelques jours à la lecture des appels à manifester ou à se rassembler pour signifier le refus de l’antisémitisme car dans ces appels, à l’initiative des présidents des Assemblées, il y a des silences et des confusions. Je le crois avec l’expérience de ma vie professionnelle et citoyenne. La lutte contre l’antisémitisme doit se faire dans la clarté, sinon elle perd en force et en crédibilité.
Le rejet absolu de toute forme de discrimination, du racisme, de l’antisémitisme, l’amitié entre les peuples, le respect des cultures propres à chacun, la construction d’un monde de paix. Voilà ce qui est essentiel pour moi.
Cela fonde mon engagement dans la vie depuis mon plus jeune âge et mon intérêt grandissant pour l’Histoire. Cet engagement s’est traduit dans mon engagement professionnel en tant que prof d’histoire-géographie, à Sarcelles puis à Nîmes. J’ai quasiment, chaque année depuis 20 ans, fait préparer le Concours National de la Résistance et de la Déportation à mes élèves. Un de mes plus beaux souvenirs restera la rencontre organisée entre mes élèves de 3e du collège Jean Lurçat de Sarcelles et Simone Veil quelques années avant sa disparition. De mon engagement professionnel à mon engagement politique, les ressorts ont été les mêmes.
L’antisémitisme, comme toutes les formes de racisme, est hélas toujours une réalité dans notre pays. Et à chaque crise, quelle qu’en soit la nature, il prend de la force, apparait plus visible et inquiète, à juste titre. C’est le cas aujourd’hui. Il faut donc réaffirmer encore notre refus de voir ressurgir ces idées funestes, de les voir se banaliser et dire à celles et ceux qui en sont victimes qu’ils nous trouveront toujours à leur côté.
Je trouve beaucoup de confusions, de silences, de manipulations politiciennes dans la période et dans certains positionnements autour des appels à manifester ce week-end.
D’abord, il n’est pas acceptable de voir l’extrême-droite, au regard de son histoire mais aussi de ses positionnements actuels, tenter de parader dans ces rassemblements pour continuer à se banaliser. Est-ce sérieux de voir celles et ceux qui veulent réhabiliter Pétain, qui sont même parfois condamnés en justice, apparaitre comme les champions de la lutte contre l’antisémitisme ? Il semble que l’extrême-droite soit devenue fréquentable aux yeux de certains. C’est une faute politique grave et mortifère pour la cause que nous voulons défendre.
Ensuite, et cette deuxième raison est liée à la première, la lutte contre l’antisémitisme est consubstantielle de la lutte contre tous les racismes et toutes les discriminations. Et que nous devons, contrairement à certains à l’extrême-droite ou à la droite extrême, défendre ce principe dans son unicité et non opposer les uns aux autres.
Enfin, il n’est pas acceptable que le font certains d’assimiler lutte contre l’antisémitisme et soutien au gouvernement israélien quand des milliers de civils palestiniens innocents meurent sous les bombes et que se poursuit la politique de colonisation israélienne dans la Cisjordanie. Dans ce contexte de guerre au Proche-Orient, nous devons absolument réaffirmer la nécessité de la paix, et qu’à la barbarie terroriste et antisémite du Hamas ne réponde pas l’engrenage de la vengeance dans lequel s’engouffre aussi les propos racistes contre les Palestiniens. La politique du gouvernement israélien porte aussi en elle les ferments du racisme et de l’antisémitisme car elle divise les peuples. Il doit être possible de critiquer la politique du Gouvernement Israélien sans être traité d’antisémite.
Certains iront ce dimanche aux rassemblements organisés un peu partout en France. Je ne doute pas de leur sincérité et je respecte leur choix. A Paris, ils voudront mettre à distance l’extrême-droite. D’autres continueront à œuvrer au quotidien contre l’antisémitisme et le racisme sans pour autant vouloir se tenir à côté de ceux qui distillent la haine. Il faudra sans doute un effort politique considérable pour engager avec encore plus de force ce combat nécessaire pour notre République et notre humanité. Je regrette qu’il n’ait pas été fait aujourd’hui.
J’invite les citoyens de notre pays, les forces politiques de gauche, qu’ils et elles soient ou non présents dans les rassemblements d’aujourd’hui à porter ensemble cette exigence : lutte contre l’antisémitisme, contre le racisme, pour un cessez le feu à Gaza, pour la paix, et un processus qui permettent aux palestiniens et aux israéliens de vivre côté à côte dans deux états souverains. Il est temps que cette clarté s’installe dans le débat public de notre République.