Intervention prononcée au nom du groupe Nîmes Citoyenne À Gauche lors du vote du budget au conseil municipal du 17 décembre 2022.
« Monsieur le maire, monsieur le rapporteur, cher.e.s collègues
Peu de surprise au regard de votre rapport d’orientation budgétaire à la lecture de ce budget primitif 2023, qui fixe donc vos choix politiques. Nous partageons votre opposition sur les dispositifs contraignants à l’égard des collectivités. Nous l’avions déjà fais, en dénonçant le pacte de Cahors. Les collectivités vont devoir subir les hausses des coûts de l’énergie, qui connaît des difficultés de la privatisation engagée par Nicolas Sarkozy.
Bien sûr, on peut noter avec satisfaction la hausse importante de l’investissement sur le budget ANRU, mais il faut aussi entendre le fait que les investissements et l’intervention sur les bâtiments ne font pas tout, et que nous ne sommes pas au niveau de l’intervention publique attendue désespérément par les habitants de ces quartiers.
Plus globalement, nous sommes toujours assez étonnés voire inquiets de votre rapport à la réalité de la vie des Nîmoises et des Nîmois. Dans ce contexte financier si difficile et si incertain pour les années qui viennent, contexte difficile pour les collectivités comme pour les particuliers, vous faites le choix de tout faire pour maintenir un chiffre élevé d’investissement, investissement qui est lourdement préempté par un équipement que nous contestons.
Alors que les impôts vont augmenter (maintien des taux mais augmentation de bases), ce qui se traduit par près de 9 millions de rentrée pour la collectivité mais 9 millions en moins pour les Nîmois,
Alors que le produit des cessions d’immobilisations va doubler (d’ailleurs à quoi correspondent ces 11,8 millions d’euros programmés pour 2023, le stade des Costières mais quelles autres cessions ?)
Vous faites le choix de baisser le volume global des subventions de fonctionnement par rapport à l’année dernière… L‘année dernière, vous disiez redistribuer + de 18,2 millions d’euros aux structures qui participent activement à la vie de la cité. Cette année c’est 17 millions. Ce sont donc les associations, qui elles aussi souffrent du contexte et qui sont pourtant si utiles qui paieront le prix le + cher (-1,4 millions soit + de 10% de baisse). Et les très faibles augmentations pour les établissements publics locaux comme pour le Centre communal d’action sociale ne sont que des augmentations en trompe l’œil. Eux aussi devront se serrer la ceinture mais nous y reviendrons.
Vous avez décidé que notre ville ne soit pas un amortisseur de crise. Vous êtes bien en dessous de ce que demande le « pacte de confiance », avec une augmentation des dépenses réelles de fonctionnement de 1,2% : Vous allez plus loin que ce que demande le gouvernement.
Que chacun se débrouille, tant qu’on arrive à construire un palais des Congrès. Cela pourrait être la nouvelle devise de la ville.
Mais un palais des Congrès pour qui ? Pas pour les habitants du quartier, rien n’a été pensé en termes de circulation, il y aura à coup sûr des problèmes de stationnement. Pas forcément pour les hôteliers et restaurateurs de la ville non plus, puisque des hôtels de luxe vont s’installer à la place de l’hôtel de la CCI et qu’une restauration est prévue en interne. Enfin un palais des congrès dont l’allure surdimensionnée dans son environnement urbain, va contribuer à densifier et bétonner ce quartier, qui aurait aussi besoin de se verdir et de respirer.
Un palais des congrès, pourquoi ?
Alors que tous les indicateurs montrent la difficulté d’équilibrer financièrement ce type de structures qui font très années 80, mais qui peinent à convaincre pour l’avenir.
16 millions cette année, 60 millions annoncés en tout, et sans doute plus… qui viennent comprimer les dépenses de fonctionnement pour garder une capacité d’autofinancement suffisante à vos yeux, et qui viennent empêcher que soient construits des équipements utiles aux habitants de notre ville (des équipements sportifs, un conservatoire dont le plafond d’une des salles est retombée, un auditorium en centre-ville, des salles associatives dans les quartiers), ou que soient rénovés des bâtiments existants d’un patrimoine municipal laissé à l’abandon (hôtel Séguier, Maison de l’avocat des pauvres), d’un patrimoine municipal très dégradé (locaux de la rue des Chassaintes, la partie du Chapitre de l’école des Beaux Arts, le Conservatoire…).
On aurait pu imaginer aussi faire un très gros effort sur la rénovation thermique des bâtiments municipaux (c’est peut-être un peu fléché pour les écoles, mais est-ce suffisant ?), cela aurait été bon pour la planète, bon pour leurs utilisateurs, bon pour notre porte-monnaie…. Mais la ligne « amélioration fonctionnelle des bâtiments » n’est que de 57 000 euros et la ligne « économie d’énergie » de de 130 000 euros (Page 28 de votre budget).
Et je repose la question posée ces deux dernières années et qui était restée sans réponse : Vous vous étiez engagés à ce que le développement durable et la lutte contre le réchauffement climatique représentent 50% des investissements. Vous vous étiez engagés à publier ce chiffre chaque année. Où en est-on ? Parce qu’il n’y a toujours pas de chiffre.
Un Palais des Congrès sinon rien donc…. Cela marque sans doute une forme de déconnexion de la réalité de notre temps, de la réalité notre ville et de ses habitants. »