Discours prononcé le samedi 14 janvier 2023 à 11h à la salle Paul Calabro du stade des Costières au nom du groupe Nîmes Citoyenne À Gauche.
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Un grand merci, un grand merci d’être venus si nombreux en cette fin de matinée, venus de tous les horizons de la ville pour partager ce moment convivial ensemble.
Je veux vous adresser, au nom de notre groupe d’élus de gauche (Nîmes citoyenne à gauche), tous nos vœux de bonheur pour cette année qui débute. Mes collègues et amis (Jo Menut, Corinne Giacometti, Sylvette Fayet, Marianne Bernède, Bruno Ferrier, Christian Bastid, et PE Détrez) m’ont confié la responsabilité de porter la parole collective.
Nous vous souhaitons de profiter au maximum de la vie en 2023, de voir se réaliser vos projets personnels, amicaux, professionnels. Bien sûr, nous savons aussi qu’en ce moment, certains d’entre nous vivent des moments difficiles et ont du mal à imaginer favorablement l’année qui vient. Bien sûr nous savons aussi que les soucis de 2022 ne s’effacent pas sur les coups de minuit le 1er janvier. Pour autant, ne boudons pas le plaisir de nous retrouver, d’échanger, en se souhaitant quelques soient nos situations des moments de joie, petits ou grands, individuels ou collectifs.
Et oui, c’est même agréable, réconfortant, de se réunir pour ces 1ers vœux en présentiel du mandat. Même s’il faut rester prudent (pour nous et pour les autres), il est bon de se voir, se retrouver, se rassembler. Ce n’est d’ailleurs plus si évident dans le monde post-covid dans lequel les sociabilités anciennes tardent à revenir. Et pourtant c’est si important de renouer les liens, les échanges, les solidarités. Nous allons en avoir besoin pour résister aux difficultés, aux coups, aux vents mauvais de la division. Nous en avons besoin aussi, pour penser et faire, pour réfléchir et imaginer, pour transformer le monde et le rendre plus juste et apaisé. Dans le contexte national et international qui pèse sur chacun d’entre nous, c’est plus qu’utile, c’est urgent !
Guerre jusque sur le territoire européen menaçant l’équilibre du monde, crise économique et sociale provoquée par les soubresauts d’un système pour lequel la course aux profits prime sur tout le reste, accélération du réchauffement climatique sont les réalités pesantes du moment. Auxquelles viennent s’ajouter la politique d’un gouvernement qui renforce encore les injustices. Nous le voyons avec la réforme des retraites, et je vous invite avec conviction à participer à la première journée d’action et de mobilisation décidée par tous les syndicats du pays jeudi prochain ! Nous le constatons aussi avec la crise énergétique. Certains nous disent qu’il faut différencier le local du national, c’est dès fois assez difficile quand les factures de gaz et d’électricité explosent pour les collectivités et que ce sera aux maires de procéder à des fermetures d’équipements pour permettre à ceux qui profitent de la libéralisation d’accumuler les richesses. Difficile aussi d’imaginer la vie quotidienne de nombre d’associations qui œuvrent pour la cité et qui ne tournent que par l’implication de jeunes retraités. Difficile aussi d’imaginer les conséquences sur le système de santé d’une réforme qui va nécessairement fragiliser encore la santé des plus fragiles. Difficile enfin quand le gouvernement impose dans un « nouveau pacte de confiance » (ils sont forts pour détourner les mots), la limitation des dépenses de fonctionnement, celles qui permettent d’irriguer la vie de la cité…. Bref, nous le savons, tout est lié…
Donc, ne négligeons aucun moment, comme celui d’aujourd’hui pour échanger. Dans un lieu inhabituel, qui vit peut-être ses dernières années, et qui va disparaître, assez jeune victime de l’incurie de l’équipe municipale conjuguée aux ambitions économiques du président de Nîmes Olympique, comme un symbole (ou une caricature) d’une politique municipale très libérale et finalement très peu soucieuse du bien public et du développement de la ville.
Nous vous souhaitons, nous nous souhaitons, encore beaucoup d’occasions de faire société dans notre ville. Ce n’est pas un vœu qui sera facile à réaliser car en plus d’un contexte national et international qui pousse parfois au repli, qui pousse à privilégier des trajectoires uniquement individuelles, qui pousse à la division, on ne peut pas dire que les autorités municipales actuelles ont comme préoccupation essentielle de faire société dans cette ville, de faire ville, de créer cette communauté locale par-delà les différences. C’est parfois même l’inverse. Nous avons donc appris, avant-hier, par une étude de l’INSEE que Nîmes était une des 10 villes les plus ségréguées de France, et que cette ségrégation se renforçait (pas de gloriole sur ce point contrairement au classement du NY Times). Après tout, pouvons-nous être étonnés ? On savait déjà que nous n’étions pas les plus riches… La majorité municipale aussi d’ailleurs le sait. On peut leur reconnaître même de vouloir régler le problème de la pauvreté et de la précarité dans la ville… Oui Oui… leur méthode : faire partir les catégories populaires. C’est efficace. On a perdu des habitants. De moins en moins de logements sociaux (en-dessous du seuil légal), des programmes immobiliers de standing (« Ah on n’y peut rien, c’est pas nous, c’est des promoteurs qui achètent à des particuliers »), et hop… C’est simple non ? Les riches c’est mieux que les pauvres quand même ? non ? ça fait plus de rentrée d’argent ! Alors que les pauvres, ça vient demander de l’aide au CCAS… C’est mieux les riches ! Faisons donc partir les pauvres !!
Bon… au niveau, ambition économique, ce n’est pas terrible… au niveau respect de l’égale dignité de chacun, c’est moins bien aussi… A Nîmes, il vaut mieux être un riche touriste ou un hypothétique investisseur susceptible de provoquer un ruissellement que l’on attend toujours comme certains attendent Godot, qu’un habitant qui vit ou essaye de vivre correctement : je pense à celui-là même que l’on a parfois applaudi lors du confinement car il faisait un métier essentiel (aides-soignantes, aides à domicile, agents d’entretiens, fonctionnaires garants du service public, petits commerçants de proximité…), et qui a besoin de se déplacer avec les transports en commun, qui souhaite inscrire ses enfants au Conservatoire ou sa fille au club de foot local…
Le sujet est bien sûr plus complexe, mais fondamentalement, les problèmes viennent de là. Plutôt que de se défier ou de mépriser une partie de sa population, la majorité municipale devrait la respecter et l’écouter car il n’y a aucune raison que certains soient moins bien traités. Je forme d’ailleurs ce vœu, pour nous tous et plus particulièrement pour celles et ceux qui sont en responsabilité : Ecouter, entendre, comprendre.
Je forme aussi ce vœu, celui de ne pas supporter les situations d’injustice et d’avoir la volonté constante de chercher à résoudre les problèmes, les inégalités, les injustices et pas simplement les constater. De ne pas laisser les moins « rentables » de notre système économique subir leur sort. Je pense notamment aux clubs sportifs féminins qui vous le savez sont injustement abandonnés par l’agglo et pas vraiment soutenus par la ville. Je pense aussi à toutes celles et tous ceux qui cherchent depuis des années un logement social alors que la ville ne met pas de foncier à disposition, quand dans le même temps, les agences immobilières demandent un revenu équivalent à 3 fois le loyer. Je pense aussi à ces habitants des quartiers périphériques dont la mobilité, malgré les lignes de trambus n’est jamais facilitée. Je pense aussi aux petites entreprises et aux commerçants du centre-ville qui voient les aides financières très importantes données par l’Agglo aux plus gros, et se développer des zones commerciales…
Je crois que notre groupe, dans sa diversité, sa complémentarité, s’est attaché depuis maintenant près de 3 ans à soulever ces situations, ces injustices, a débattu, argumenté, proposé dans chacun des domaines. Nous n’avons pas hésité à dire quand ça allait dans le bon sens (ça a pu arriver… Je ne vous le cache pas, trop rarement !), mais nous avons joué tout notre rôle pour demander des explications et dire quand cela n’allait pas. A l’agglo comme à la ville. Nous nous sommes toujours appliqués à dire que l’on pouvait faire autrement, que l’on devait faire autrement. Pour faire société, répondre aux besoins en respectant l’égale dignité de chacun, et s’attaquer aux immenses défis à venir. Et c’est bien parce que nous arriverons à faire ville que nous arriverons à répondre aux défis de notre temps. Oui d’autres choix sont possibles
- Pour répondre aux enjeux environnementaux et climatiques notamment. Car l’on peut faire toutes les zones d’activité que l’on veut, si la ville n’est plus vivable car elle est trop chaude, peu de gens auront envie de s’y installer et beaucoup risquent même de la fuir. La renaturation de l’espace urbain, sa végétalisation deviennent des objectifs prioritaires.
- Pour répondre aux immenses défis économiques et sociaux, et cela ne sera pas simple dans le contexte actuel, avec les difficultés accumulées. Un nouveau développement économique qui ne soit pas basé que sur le tourisme, utilisant tous les atouts de notre cité, les talents de sa jeunesse, doit être pensé.
- Pour rendre les Nîmoises et les Nîmois, d’où qu’ils viennent, où qu’ils habitent et quelques soient leur âge, des acteurs de leur ville. Rien n’est possible sans l’implication des habitants qui doivent se réapproprier leur quartier et leur ville. On se cache trop souvent derrière les difficultés pour renoncer à une gestion plus démocratique.
Je forme le vœu qu’ensemble nous disions aux habitants de la ville que l’on peut la diriger autrement. C’est sans doute le plus difficile après plus de 20 ans de règne. Oui, il est possible de faire autrement, on peut le voir ailleurs.
- Oui, il est possible d’associer la population à la définition et à la mise en œuvre de la politique municipale. Non la démocratie n’est pas un gros mot, elle ne se limite pas aux moments électoraux et non, écouter et concerter ce n’est pas faire preuve de faiblesses.
- Oui, il est possible d’engager en confiance des partenariats avec d’autres institutions ou collectivités, et que non Nîmes n’est pas une citadelle assiégée.
- Oui, on peut envisager une politique de transport public qui se fixe pour objectif de rendre les déplacements en bus tellement pratiques, rapides et peu chers que les Nîmoises et Nîmoises préfèreront les transports en commun à la voiture, et non une gare TGV au milieu des champs n’est pas forcément un outil d’aménagement du territoire
- Oui, on peut réfléchir en amont à toutes les dimensions et les implications d’un projet, et pas simplement une fois qu’on a commencé à à donner les premiers coups de pioche. Non, réfléchir n’est pas signe d’un manque de volonté.
- Oui, la pratique artistique, la pratique sportive sont des choses essentielles pour bien vivre, rester en bonne santé, rencontrer, partager et échanger avec ses concitoyens
- Oui, l’on peut imaginer un développement économique qui ne soit pas basé seulement sur le tourisme, et non la romanité, certes essentielle, n’est pas la seule identité culturelle de la ville. Le patrimoine historique non-romain de la ville (Hôtel Séguier, Maison de l’avocat des pauvres…) doit être rénové, entretenu, mis en valeur.
- Oui, l’on peut considérer que des gestions publiques peuvent être efficaces dans nombre de domaines, et non il n’est pas normal de vendre des quartiers de la ville à des promoteurs privés.
- Oui, une politique culturelle ambitieuse et populaire est possible avec un accès à la pratique facilitée notamment grâce au Conservatoire et que, non, l’on n’est pas forcément condamné à ce que Franz-Olivier Giesbert devienne l’égérie culturelle de la ville
- Oui, l’éducation de nos enfants est essentielle, elle passe par des écoles publiques bien équipées mais sans doute aussi par une ambition nouvelle pour les centres de loisirs et les accueils périscolaires
- Oui, il est possible d’avoir un plan d’investissement pour la rénovation de la voirie qui ne dépende pas que du bon vouloir du maire et qui dépasse les seuls quartiers visités par les touristes. Franchement, l’état de certaines rues, de certains quartiers relève de l’abandon
- Oui, on peut développer l’enseignement supérieur (dont l’ESBAN aujourd’hui délaissée) en ayant une vraie politique pour la jeunesse dans la ville pour lui donner envie de rester ou de venir et que non cela ne passe pas seulement par un Pass jeunes avec des places gratuites ou des bons de réduction
- Oui, une ville peut réellement mettre en œuvre une politique publique de santé et pas seulement en temps de crise.
- Oui, l’on peut travailler davantage dans la proximité et non ce n’est pas un manque d’ambition que de faire des équipements sportifs, socio-culturels dans les quartiers de la ville plutôt que de faire un palais des Congrès
- Oui, l’on peut concilier identité et pluralité culturelle, l’identité de la ville ne s’est-elle pas forgée dans ce mélange de culture ? Oui, Nîmes est une ville-monde et c’est une chance.
- Oui, l’on doit considérer les habitants des quartiers populaires comme des habitants à part entière et non ce n’est pas acceptable de leur demander d’attendre des années et des années pour qu’ils trouvent un cadre de vie convenable.
On pourrait encore multiplier les exemples…
Je nous souhaite donc de ne jamais prendre pour une réalité intangible ce qui nous est présenté comme certain, naturel, immuable et de toujours questionner, bousculer cet ordre naturel des choses qui protège en réalité toujours l’intérêt des puissants. Je nous souhaite de continuer à le faire avec ambition et humilité, enthousiasme et sérieux. A l’écoute toujours de ce qui se passe dans la ville, dans la société. Attentifs aux espaces de novation, de coopération, de liberté, qu’il nous faudra nourrir et faire grandir. A l’écoute aussi des souffrances et des difficultés. En gardant un regard lucide sur les périls et les dangers. Tout cela parait difficile, voire impossible mais « rien n’est plus imminent que l’impossible » (Victor Hugo).
A nous, mes chers collègues, je nous souhaite de la patience et de la ténacité. Continuons à conjuguer nos différences et à cultiver nos engagements communs. Continuons à démontrer que l’union de toutes nos sensibilités politiques (PS, LFI, Générations, Radicaux de gauche, communiste, ou engagement sans affiliation partisane) est non seulement possible mais souhaitable quand elle est fondée sur la sincérité des convictions et une volonté d’ouverture. Par les temps qui courent, je forme le vœu que des regards se tournent vers ici.
Je ne serai pas plus long, il est temps de lever le verre de l’amitié et de faire jouer la musique !
A vous tous, nous adressons une nouvelle fois tous nos vœux de bonheur, de solidarité, de tolérance, de fraternité et de paix.