En vidéo : https://youtu.be/GQ6ocwm-1n0
Intervention au nom du groupe de la Gauche Unie, Citoyenne et Écologiste au conseil communautaire de Nîmes Métropole lors du vote du budget 2023.
Monsieur le président, monsieur le rapporteur, chers collègues
Pas de surprise avec ce budget puisque ce que vous nous présentez est l’application de ce qui nous a déjà été présenté lors du DOB. Par l’intermédiaire de Sylvette Fayet, nous vous avions déjà fait un certain nombre de remarques et dit nos inquiétudes, je ne les reprendrai pas toutes ici. Toutefois, je veux dire quelques mots à l’occasion de ce budget qui marque la moitié de notre mandat.
Bien sûr nous n’avons pas vécu 3 années faciles au regard du contexte, et l’État ne nous a pas beaucoup aidé. Mais le budget qui nous est présenté me conduit à dire que nous avons l’impression que nous vivons un mandat plein d’occasions ratées et de temps perdu.
La situation financière de l’Agglo était difficile, elle l’est toujours malgré les grands coups de ciseaux dans le fonctionnement. Elle est toujours car l’endettement est toujours record. Notre Communauté d’agglo est la deuxième la plus endettée de France en volume (la 8e rapportée au nombre d’habitants, la 14e en durée de désendettement). Si nous ne sommes en apparence pas au-dessus du demi-milliard d’euros d’endettement c’est que vous faites porter une partie de cette dette sur des structures extérieures (la SPL, Agate, la SAT, l’EPF…). Et vous prévoyez même que nous serons à un ratio de désendettement à la fin du mandat.
Vous avez choisi d’afficher d’année en année un chiffre d’investissement toujours plus haut, en continuant finalement sur la lancée du précédent mandat.
A ce niveau de dette, avec ces chiffres d’investissement, on aurait pu espérer que notre territoire se soit bien doté, bien équipé… Mais au final, la réalité est tout autre. S’endetter pour investir peut-être une bonne chose. Mais il faut savoir pour quoi faire et si c’est utile.
Au final… nous manquons, à vous écouter, toujours de foncier économique. Notre réseau de transport s’est embelli mais sans résultat tangible sur la mobilité des habitants, le développement des mobilités douces est resté très très modeste. Notre Agglomération reste l’une des agglomérations les plus en proie au chômage et à la précarité, nous manquons toujours de logements sociaux, le transport scolaire est toujours payant. Les clubs sportifs féminins de haut niveau sont en grande difficulté.
Nous accumulons dans ces domaines toujours beaucoup de retard.
Vous avez lancé des projets, souvent onéreux et à la rentabilité future, très hypothétique… Nous avons Magna Porta (et le magnifique Mas Larrier et un certain nombre de terrains agricoles) sur les bras, et nous ne voyons toujours rien venir, y compris sur l’aéroport. Le projet du Marché gare, qui pouvait être intéressant va se heurter à un réel problème d’accessibilité. L’aéroport racheté pourquoi pas, mais nous risquons de payer le désengagement de l’Etat. Vous avez acheté, sans que nous ayons délibéré, la centrale de méthanisation cette année alors que rien ne pressait ; nous allons en plus en porter le risque industriel alors que nous n’avons pas encore toutes les autorisations environnementales…
Pour tous ces sujets, nous avons l’impression que vous agissez avant d’avoir construit une réflexion d’ensemble. Avant de réfléchir à un projet d’agglomération qui réponde aux besoins de notre population et aux enjeux de notre temps. Des réflexions ont été menées dans le cadre du PCAET, du PAT, dans le cadre du Conseil de développement, mais on ne voit pas de lien avec les décisions que vous prenez.
La révision du projet de territoire, document qui doit permettre de nous projeter vers l’avenir, ne devait pas être que partielle. Trop de paramètres ont changé depuis sa conception. C’est d’ailleurs ce que vous a dit le Conseil de développement. Il fallait tout revoir et non pas se contenter de passer quelques coups de rabot pour faire rentrer les projets dans le nouveau cadre budgétaire. D’autres pistes devaient s’ouvrir à nous, au regard de la réalité et du contexte.
D’un point de vue économique, l’objectif est de permettre aux habitants de trouver du travail. Ce qui nécessite de travailler un positionnement économique en phase avec la réalité et les atouts du territoire. Nous ne nous appuyons pas assez sur nos atouts, des leviers réels de développement. L’enseignement supérieur doit pour nous être une préoccupation majeure, nous devons bâtir une agglo étudiante.
Pour cela nous devons aussi avoir un réseau de transport collectif bien plus ambitieux que ce qu’il est. Ce qui ne sera pas le cas avec les orientations du nouveau cahier des charges. Nous sommes très en dessous de ce qu’il faudrait en équipement de parkings-relais et de pistes cyclables, et au niveau des tarifs. Comment comprendre que l’on repousse encore la fin de la réalisation de la T1 ? que l’on repousse la construction des parkings-relais ? que l’on investisse si peu sur les mobilités douces ?
Enfin, pour permettre un développement économique endogène et espérer voir se développer l’activités économiques, nous avons besoin de travailler les aménités du territoire, c’est-à-dire que nous avons besoin d’y vivre bien, la culture et le sport sont des leviers formidables d’émancipation et de développement économique. L’Agglo doit être davantage ambitieuse sur ce terrain.
Nos investissements doivent aussi nécessairement maintenant tenir compte de leur impact écologique. Comment préparons-nous le ZAN (Zéro Artificialisation Nette) ? Comment préparons-nous l’arrivée de la ZFE (Zone à faible émission) qui risque d’être dans le même temps une bombe sociale ?
Répondre aux enjeux du temps et aux besoins des habitants c’est mettre aussi davantage de moyens dans la question du logement, en termes de logement sociaux mais également dans la question de la rénovation énergétique.
Répondre au besoin de notre temps c’est aussi davantage de transparence dans la conduite des projets, de concertation large et publique et de démocratie. C’est un levier essentiel pour ne pas faire d’erreurs, pour mener à bien des politiques et des projets utiles, pour créer du commun entre les habitants, les communes (peut-être arrivera-t-on un jour à voir une synergie positive entre la ville-centre et l’Agglo). La démocratie est un levier essentiel pour penser de manière systémique l’aménagement et le développement de notre territoire. Et là encore nous sommes loin du compte.