L’heure est à l’inquiétude et à la mobilisation : nous connaissons une accélération très brutale de l’idéologie d’extrême-droite dans la société française, en Europe et dans le monde. Sur le plan électoral cette accélération s’est traduite par les résultats que nous connaissons en Argentine et au Pays-Bas. En France, comme partout en Europe, le risque est grand, pour les échéances qui sont devant nous.
La banalisation de l’extrême-droite, en cours depuis des années dans le champ médiatique et politique, a franchi, ces dernières semaines un cap d’une extrême gravité. Les barrières semblent sauter les unes après les autres.
Des voix se sont élevées, à l’occasion de la manifestation du 12 novembre, pour souhaiter la bienvenue aux élus du Rassemblement National, donnant ainsi gratuitement des brevets officiels de respectabilité à ceux-là même dont toute l’histoire et tout le présent sont marqués par la haine, l’antisémitisme et le racisme.
Tout évènement est l’occasion d’ancrer dans le pays des réponses sécuritaires et xénophobes. Ce fut le cas après les attentats terroristes du 7 octobre perpétrés par le Hamas en Israël, justifiant par là-même la folie meurtrière du gouvernement Netanyahou contre Gaza, l’intensification de la colonisation en Cisjordanie, au nom de l’idée d’une « guerre de civilisation contre l’islam », que l’on tente d’ancrer dans les esprits.
C’est également désormais le cas pour tout drame, comme celui, terrible, qui s’est produit dans la Drôme, et dont fut victime le petit Thomas. L’attaque terroriste récente à Paris est l’occasion de tous les amalgames, pour créer un climat de peur, en paralysant tout esprit critique, toute réflexion, et faire de l’émotion le mobile unique de toute action.
Quand on ouvre les vannes, plus rien ne retient l’eau. Des groupuscules d’extrême-droite donnent libre cours à leur violence, des tracts, provenant en droite ligne des années noires, sont distribués dans les boites aux lettres, comme à Quissac. Des manifestations, qui ne sont rien d’autre que des appels à la haine, interdites en un premier temps, sont finalement autorisées par un tribunal administratif et un avocat de ces groupuscules se répand sur les ondes pour parler, à leur propos de « liberté d’opinion ». Les risques de basculement vers le pire sont réels.
Non, le racisme et la xénophobie ne seront jamais des opinions : ce sont des délits. Et ils ouvrent la voie à des crimes.
Ce que nous vivons a, au fond, pour objectif d’éradiquer de la conscience populaire tout ce qui a constitué, des Lumières à la Révolution française, de la Libération du pays aux mobilisations anticoloniales, le patrimoine progressiste de notre pays.
Nous sommes tous responsables face aux périls qui nous guettent. Tous.
La gauche française dans son ensemble, et chaque organisation en son sein, doit mesurer les risques. Elle doit construire un rassemblement porteur de valeurs progressistes et émancipatrices pour incarner un avenir possible et souhaitable pour l’ensemble de notre peuple. Les enjeux d’aujourd’hui sont ceux de la paix, de la coopération internationale, de la justice sociale, de l’écologie, de l’émancipation humaine.
Il est urgent que nos concitoyens se réapproprient le sens de l’histoire et l’envie d’en être acteurs.
Face à l’obscurantisme, la réponse est dans la politique. Inséparable de la démocratie.