M. le Maire, M. le rapporteur, cher.e.s collègues,
Nous avons pris connaissance du rapport d’orientation budgétaire (ROB) présenté en conseil municipal aujourd’hui et qui ouvre la discussion en vue des derniers arbitrages budgétaires pour l’année prochaine. Et pour résumer nous pourrions comme Michelle Le Normand : « le temps passe et parfois ne change rien ».
Nous sommes conscients des contraintes financières qui pèsent sur notre commune comme sur toutes les collectivités. La baisse de la Dotation générale des collectivités (DGF) est réelle. Elle est compensée par la fiscalité et, si notre commune gèle ses taux, elle profite de l’augmentation des bases décidée par la loi de Finances, qui fait reporter la responsabilité de l’effort fiscal aux collectivités territoriales. Cette logique politique entamée depuis la présidence Sarkozy est très injuste. Elle se fait aujourd’huiencore plus douloureusement ressentir en raison de l’inflation.
Toujours est-il que nous sommes dans une situationfinancièrement contrainte et que cela semble l’être encore plus pour les années à venir. Nous avons encore quelques marges de manœuvre mais elles se fragilisent. Dans vos projection, l’épargne brute va baisser de 25% jusqu’en 2026 et le ratio de désendettement passe de 4,8 années en 2022 à 7,3 années en 2026.
Garder une capacité d’autofinancement (épargne brute) au même niveau que les années précédentes nous conduira à recourir davantage à l’emprunt et/ou à vendre le patrimoine de la ville (et nous aimerions savoir ce qu’il est prévu dans l’année qui vient) et/ou à réduire les dépenses de fonctionnement et notamment les dépenses de personnel. Sur ce sujet, nous redisons que les agents du service public ne sont pas une charge mais bien une richesse et autant de moyens d’actions pour notre collectivité.
Dans cette situation contrainte, les choix budgétaires sont d’autant plus importants. Pas de surprise dans les orientations proposées dans ce ROB. Beaucoup de copier-coller du ROB de l’année dernière et de ceux des années précédentes.
On oublie même parfois de changer l’année (voir la liste des animations p. 57). Beaucoup de copier-coller d’un an sur l’autre, ce qui permet de voir qu’un certain nombre d’actions ont été reportées. C’est le cas pour la 2e partie « Une ville qui investit dans les quartiers prioritaires » … Bien sûr, nous ne disons pas que rien n’est fait. Il y a des actions positives (projet social de territoire, espace Vergnole), mais il faut sans doute aller plus loin et avec plus de moyens.
Il faut sans doute aussi investir davantage budgétairement le domaine de la santé même si elle n’est pas une compétence principale de la commune. Je pense ici notamment à l’aide à l’installation de professionnels de santé, par l’intermédiaire de MSP ou de centre de santé. Où en sont les dossiers de Pissevin et de Gambetta ? Mais je pense aussi à un renforcement de la politique de prévention. Et j’ai la triste impression que les actions liées à la santé mentale évoquées dans le ROB 2023 ont été supprimées.
Globalement, vous nous proposez la continuité de ce qui se fait déjà, avec quelques rares évolutions. C’est le cas pour la culture. Certes la Contemporaine de Nîmes (en lieu et place du festival Off). Mais nous redisons ici nos craintes au sujet du bon fonctionnement des institutions culturelles de la ville : l’ESBAN qui a dû annuler des modules d’enseignements à la rentrée et qui n’a pas de locaux pour pallier l’indisponibilité de l’Espace création encore en travaux. Nous pensons aussi au théâtre de Nîmes, au Conservatoire à la peine aujourd’hui et qui doivent retrouver de la force. Et puis, nous ne voyons pas dans les orientations 2024 comment l’inscription de la Maison Carrée à l’Unesco va être utilisée autrement que pour son attractivité touristique. L’Unesco, c’est la science, la culture, l’éducation. Il faut davantage faire vivre ces valeurs. Nous l’avons dit, cela passera en sortant la Maison Carrée de la DSP, mais pas seulement.
Nous le redisons aussi, il faut plus d’ambition dans la transition écologique, et notamment dans la végétalisation de l’espace urbain qui ne peut se résumer à une politique poumons verts ; mais aussi dans la prise en considération de la mobilité douce.
Plus d’ambition aussi dans la politique sociale avec un budget du centre communal Centre Communal d’Action Social (CCAS) réévalué à l’aune des besoins et surtout une politique foncière qui permette de construire du logement social, puisque nous sommes en-dessous du seuil fixé par la loi et que les besoins en logement social sont très grands.
Plus d’ambition encore pour faire de notre ville, une ville universitaire attractive et rayonnante. Nous ne sommes que la 31e ville dans le classement du magazine L’Etudiant, malgré la qualité et le dynamisme des structures d’enseignement supérieur.
Enfin, nous devons mener une vraie politique de propreté urbaine. Un plan propreté était prévu, il semble avoir disparu. Dans tous les cas, la situation de beaucoup de quartiers se dégrade, du fait du nouveau système de collecte (nous vous avons écrit) mais pas seulement. La responsabilité est collective, il faut une politique publique forte.
L’évolution du Plan pluriannuel d’investissements (PPI) depuis deux ans montre que le contexte financier vous conduit à préciser vos choix politiques selon vos priorités. Certains investissements sont prévus sur l’année prochaine, d’autres sont renvoyés en 2025 ou après, ce qui veut dire qu’ils sont plus ou moins abandonnés charge à ceux qui prendront la suite de s’en occuper si la situation financière que vous laisserez à vos successeurs le permet encore et nous avons vu que les perspectives se dégradent.
Nous avions dit l’année dernière que beaucoup de vos projets avaient été abandonnés ou repoussés :
– La rénovation, l’entretien d’une bonne partie du patrimoine de la cité : la maison avocat des pauvres. On peut aussi être inquiet de votre volonté de vendre l’hôtel Séguier.
– Le projet du quadrilatère des Jésuites
– La rénovation du Parnasse
– La rénovation des Halles de Nîmes
– Le conservatoire de Nîmes puisque la fac ne doit quitter les Carmes que fin 2025 et que la désignation de l’équipe d’architecture qui devait avoir lieu en 2023 n’a pas encore été faite.
– N’apparait pas non plus la nécessaire rénovation de l’Ecole des Beaux-Arts
Tous ces abandons sont confirmés dans le ROB 2024.
On ajoute à cette liste déjà connue, les nouveaux reports du programme « Aménagement de places », le report del’ensemble des projets d’investissement dans les équipements culturels : chapelle Saint Joseph (plus rien sur les lignes de crédit) ; musée du textile et du jean, plan lumière au théâtreBernadette Lafont, à l’Odéon, à Christian Ligier ; rénovation du théâtre.
Apparait aussi très lointaine la nécessaire restauration des Jardins de la Fontaine. Repoussé également le programme Hoche et il n’y a plus aucun crédit prévu sur la rénovation des terrains de la Bastide et l’équipement sportif envisagé à Védelin.
Et je n’ose parler du stade des Costières dont la rénovation n’avait été prévu nulle part et qu’il faudra finalement peut-être envisager…
En réalité, nous le redisons cette année : quelques projets dits « phare » préemptent tout, et notamment le seul palais des Congrès, dont l’opportunité est plus que contestable. Vous avez donc fait le choix d’abandonner beaucoup de projets utiles à la vie quotidienne, au cadre de vie, à l’attractivité concrète de la ville au profit d’une stratégie de développement du tourisme d’affaire…
Les choix proposés dans ce ROB manquent d’ambition pour notre ville et la vie de nos concitoyens. Ils semblent déconnectés de leur réalité et ils sont loin d’être à la hauteur des enjeux d’avenir. Nous avons évoqué quelques pistes qui nous paraissent répondre aux besoins des Nîmoises et des Nîmois. Nous espérons qu’elles pourront infléchir vos orientations d’ici la présentation du budget…