M. le Président, nous vous demandons, nous vous sommons solennellement : ne « promulguez pas cette loi du déshonneur »

Intervention au nom des communistes gardois, lors du meeting d’information et de mobilisation contre la loi Immigration le 10 janvier à Nîmes.

« Mesdames, messieurs, chers amis, chers camarades

Merci de votre présence, merci aux amis cheminots pour l’accueil

Ce qui nous réunit toutes et tous ce soir, c’est le refus viscéral et raisonné de la loi sur l’immigration portée par le gouvernement avec l’appui de la droite et de l’extrême droite.

Nous exigeons ensemble que cette loi ne soit jamais promulguée et n’entre jamais dans le quotidien.

Nous le disons tous ici ce soir, représentants de forces politiques, syndicales ou associatives, citoyens attachés au respect de l’humain, aux devises de la République, à l’histoire progressiste de notre pays.

Nous le dirons dimanche à 11h à l’appel de nombreuses organisations de solidarité.

Nous le dirons le dimanche 21 janvier à l’appel de très nombreuses personnalités représentatives de forces progressistes ou qui, simplement, refusent la honte.

Nous ne voulons pas d’une France qui stigmatise et exclue. Nous voulons une France qui accueille, qui accorde des droits à toutes et tous quelle que soit l’origine.

Ce dont souffre notre société ce n’est pas d’un manque de murs, mais d’un manque de ponts.

Les différents intervenants ont ou vont pointer les différents aspects nocifs de cette loi. J’insisterai sur deux points :

  1. Cette loi défigure les traditions de notre pays et la République. En effet, elle supprime l’automaticité de l’accès à la nationalité à leur majorité pour les jeunes nés en France de parents étrangers. Il s’agit bien là d’une attaque directe contre le droit du sol, d’une ségrégation de fait entre Français, ouvrant la voie à un racisme décomplexé. C’est la traduction législative et donc la validation du funeste concept employé par l’extrême-droite : « Français de papier », visant à instaurer une différence de nature entre les individus.

Un premier pas avait été franchi sous Pasqua dans les années 90, nous retrouvons aujourd’hui ces accents vichyssois. A quelques semaines de la panthéonisation de Missak Manouchian, nous ne pouvons le taire. C’est ainsi que commence la stigmatisation et la recherche de bouc-émissaire. L’histoire nous a enseigné comment cela se termine.

  1. Mais ne nous y trompons pas. Cette loi nous concerne et nous vise tous : précariser et réduire les droits des Français d’origine étrangère va toujours de pair avec la réduction des droits pour toutes et tous.

Nous l’avons vécu en 2023 avec la loi sur les retraites. Et c’est le triste bilan de l’ancienne première ministre. Quant au nouveau de Matignon, sa tâche est de poursuivre dans la même voie, en s’attaquant toujours plus aux droits de tous les salariés, aux chômeurs et à leurs indemnités-chômage.

C’est l’objet d’un projet de loi préparé pour le printemps par Bruno Lemaire, avec cette justification qui a fuité des milieux macronistes : « répondre aux français qui en ont marre de travailler et de ne pas gagner davantage que ceux qui ne se lèvent pas le matin ».

La logique est la même. Une fois installée à un endroit, elle s’infiltre partout : opposer sans cesse les plus démunis entre eux, écarter ceux que l’on considère comme «parasites», tenir les étrangers à l’écart, telle est la voie dans laquelle nous engage un capitalisme débridée, mettant en œuvre les pires rengaines de l’extrême droite fascisante, pour conserver sa domination sur le monde.

Il faut le dire aussi : notre refus de cette loi est indissociable de l’urgence à ouvrir un autre chemin. Si nous voulons nous imposer face à ces projets droitiers, nous devons valoriser une société non pas désunie mais rassemblée sur les valeurs d’égalité d’accueil, de citoyenneté et de démocratie. Et nous devons construire le rassemblement politique et social à gauche seul capable d’avoir raison du gouffre dans lequel le capitalisme d’aujourd’hui nous plonge.
A notre colère doit se marier l’espérance qui permette aux catégories populaires dispersées de devenir un peuple politique maître de son destin.

Nous le dirons dimanche prochain, nous le dirons le 21 janvier.

Et dès ce soir, M. le Président, nous vous demandons, nous vous sommons solennellement : ne « promulguez pas cette loi du déshonneur ».

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