« Ce budget n’incarne ni la vie, ni les aspirations des Nîmois. »

Monsieur le maire, monsieur le rapporteur, cher.e.s collègues

Peu de surprise au regard de votre rapport d’orientation budgétaire à la lecture de ce budget primitif 2024, qui confirme donc vos choix politiques. 

Dans les grands équilibres, comme nous l’avions évoqué dans le débat d’orientation budgétaire, le contexte financier contraint doit nous conduire à de la vigilance pour à l’avenir maitriser un endettement qui repart à la hausse, certes légèrement, depuis 2021. Vous prévoyez 9M de cessions d’immobilisations (peut-on savoir lesquelles ?) sans lesquelles il faudra recourir davantage encore à l’emprunt. 

Pour ce qui est des dépenses de fonctionnement, qui indiquent le niveau de service public rendu aux Nîmoises et aux Nîmois, nous voulons à nouveau dire notre inquiétude sur le niveau des subventions de fonctionnement. Elles étaient à la baisse l’année dernière, elles sont stables cette année, à hauteur de 17,3M d’euros. Pourtant les besoins sont grands. Alors que la subvention de fonctionnement au Carré d’Art est toujours au même niveau, vous avez fini par augmenter un peu les subventions de fonctionnement aux institutions nîmoises que sont le théâtre ou l’ESBAN, mais les baisses des dernières années ont pesé fortement. 

– Pour le théâtre, il semble que vous ayez attendu le départ de l’ancienne direction pour remettre de l’argent et faire repartir les budgets à la hausse mais nous sommes encore à un niveau inférieur à 2019… A ce sujet, la direction du théâtre a-t-elledécidée d’arrêter la production déléguée l’année prochaine ? Attention, c’est un des critères au cahier des charges pour l’obtention du label scène nationale. 

– Pour l’Esban, nous retrouvons à peine le niveau de 2019 alors que depuis 4 ans c’était le régime sec (-900 000 euros cumulés). L’augmentation de 140 000 n’est que le minimum vital pour cette structure d’enseignement supérieur reconnue mais qui souffre depuis quelques années. Il faudrait 300 000 de plus pour que l’Ecole puisse tourner correctement car depuis 2019, les fluides ont augmenté comme le point d’indice. A la rentrée de septembre 2023, des workshops ont dû être annulés faute de budget. Je veux souligner aussi les difficultés liées aux travaux sur « l’Espace Création » qui ont du retard et qui ont amené à la suppression de nombreuses heures de pratiques pour les étudiants. Il devait y avoir une solution de relogement, il n’y en a pas eu, c’est inquiétant. Comme l’état des locaux du Chapitre dont la rénovation n’est toujours pas prévue.

Plus largement, le monde associatif qui fait la richesse de notre cité, qui permet le bien vivre ensemble, l’épanouissement individuel et collectif, souffre de financements bloqués. Pour certaines structures, nous craignons les mauvaises surprises. Il ne faudrait pas que les associations culturelles notamment, qui inscrivent leur travail sur le long cours, qui fabriquent la ville au quotidien, il ne faudrait pas que ces associations donc (comme les institutions culturelles) soient en difficultés alors que se tient la 1ère triennale d’art contemporain pour laquelle la Ville va dépenser près d’1,5 million d’euros. Si séduisant soit le programme (et nous ne désespérons pas d’en avoir une présentation), il ne faudrait pas que l’on considère qu’un évènement, qui dure 2 mois tous les 3 ans, compromette l’activité et le développement des structures locales qui agissent au quotidien avec les Nîmois. 

Peut-être que la baisse des contributions au SDIS (9M au lieu de 9,3M donc -300 000 euros l’année prochaine, baisse qui va se poursuivre jusqu’en 2031) pourrait permettre de soulager certains. 

Pour ce qui est de l’investissement, dont le niveau est en réalité quasi-identique à celui de l’année dernière si l’on soustrait les dépenses d’ordre qui gonfle artificiellement le chiffre (politique d’affichage), nous ne pouvons que constater, à nouveau, le poids du Palais des Congrès, à savoir près de 20% des dépenses réelles d’investissement. Vous faites donc le choix d’abandonner un certain nombre d’investissements nécessaires et urgents au profit d’un bâtiment « de prestige » mais qui risque de plomber durablement les finances de la ville…

Nous aurions aimé que les efforts soient portés sur la rénovation des bâtiments scolaires, des équipements culturels (théâtre Bernadette Lafont, Odéon) mais aussi des équipements sportifs car malgré quelques rénovations et la Halle des Sports, nous en manquonsdans la proximité. A ce sujet, pourquoi ne pas réhabiliter le gymnase Condorcet ? . Nous le redisons une partie du patrimoine de la ville reste à l’abandon (hôtel Séguier, maison avocats des pauvres, conservatoire -nous avions signalé l’état de dégradation du site des Chassaintes qui vient de connaitre une panne de chaudière-, et bientôt le stade des Costières…). Vous auriez pu vous engager avec plus de force dans la rénovation thermique de nos bâtiments et plus largement avec plus de force dans la nécessaire transition écologique. Et même si les 11M programmés sont une somme conséquente, vous auriez pu investir davantage encore dans une voirie très dégradée tant le retard accumulé est important et pénalisant.

Vous auriez pu choisir d’investir dans des équipements utiles aux habitants car en dehors des circuits du tourisme de loisirs ou du tourisme d’affaires, il y a une ville à vivre au quotidien et vous semblez l’oublier. 

Les équipements de prestige comme le Palais des Congrès, les hôtels de luxe ne viennent pas répondre aux besoins du quotidien de notre population. C’est à la vie réelle des habitants de la ville qu’il nous faut être attentif, pas simplement au confort de nos potentiels visiteurs. Le constat que nous faisons depuis le début du mandat se confirme et s’aggrave. 

Nous espérons que les travaux du NPNRU s’engagent rapidement. Si le budget augmente cette année (26M contre 24M pour le BP 2023), l’investissement recule (17,3M contre 19M pour BP 2023)… Ce n’est pas très encourageant. La situation à Pissevin reste très difficile pour des milliers de nos concitoyens. En plus des trafics, les retards pris dans la rénovation, les problèmes de connexion internet (qui contraignent fortement notamment en cas de télétravail), mais aussi les réductions de services publics ne sont pas acceptables. Nous demandons la réouverture de la médiathèque, ainsi que le rétablissement des horaires d’accueils péri-scolaires. Enfin il n’est pas acceptable de voir le délai nécessaire pour l’installation d’algécos pour les médecins… cela fait des mois que nous en parlons ! 

M. le maire, cher.e.s collègue, Nîmes n’est pas qu’une destination touristique, un parc d’attraction, aménagé au frais du contribuable pour servir bien souvent en plus des gros intérêts privés. Nîmes est une ville à vivre au quotidien pour une population qui souhaite pouvoir étudier, travailler, se déplacer, se cultiver, créer, échanger, entreprendre, partager, une population qui souhaite prendre soin de ses ainés, une population qui est attentive au bien-être de ses enfants, une population qui souhaite de plus en plus coconstruire sa ville… 

Ce budget n’incarne ni la vie, ni les aspirations des Nîmois. Vous comprendrez donc que nous ne le voterons pas. 

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